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Premier ministre
N-VABart De Wever, poids lourd de la politique flamande et nationale, atteint enfin le 16, rue de la Loi, son premier mandat exécutif au fédéral, après l'accord de gouvernement conclu le 31 janvier 2025. C'est presque une contradiction pour ce nationaliste flamand convaincu, amoureux de sa ville d'Anvers. Un animal politique et médiatique remarquable, qui a mené la N-VA, née sur les cendres de la Volksunie en 2001, vers les sommets, et a réussi aux dernières élections à résister à l'ascension du Vlaams Belang.
Historien de formation, Bart De Wever a baigné dans le nationalisme flamand et le conservatisme dès l'enfance. Son père, Rik De Wever, était membre de la Volksunie et du Vlaamse Militanten Orde. Son grand-père était quant à lui membre de la VNV, parti qui collaborait avec l'occupant allemand lors de la Deuxième Guerre mondiale. Lors de ses études, Bart De Wever est actif dans plusieurs fédérations d'étudiants, à tendance nationaliste. Il s'intéresse de près au nationalisme flamand et à ses manifestations en politique. Il en fait d'ailleurs le sujet de sa thèse de doctorat. Il a brièvement été membre du Vlaams Nationaal Jeugdverbond, mouvement de jeunesse d'extrême-droite à relents néo-nazis, comme l'a bien raconté son frère, Bruno De Wever.
Dès 1986, Bart est lui-même membre de la Volksunie, et en 1996 il intègre le conseil du district anversois de Berchem, qui n'est à l'époque pas élu directement. En 2000 il entre dans l'équipe de direction du parti, qui va se disloquer un an plus tard. Bart De Wever participe alors à la création de la N-VA.
En 2004, quand De Wever reçoit les clés du siège du parti, la N-VA n'est encore qu'un petit poucet, dont l'existence s'appuie sur son cartel avec le CD&V. Aux régionales, Bart De Wever vient de décrocher un siège au Parlement flamand. Et quand Geert Bourgeois est désigné ministre du nouveau gouvernement flamand, De Wever lui succède à la présidence.
En 2007, c'est la grande victoire au fédéral pour le cartel CD&V - N-VA emmené par Yves Leterme. Mais la fête ne durera pas. Quelques mois plus tard, la N-VA met fin à cette alliance et cesse de soutenir le gouvernement Leterme (premier du nom), énervée du peu d'évolution dans les négociations institutionnelles.
Cela ne nuit pas à l'image de la N-VA, au contraire. Au même moment, le grand public découvre Bart De Wever via l'émission télévisée ludique "De Slimste Mens ter Wereld", diffusée par la VRT. Il n'est plus seulement un politicien intransigeant, on le découvre drôle et extrêmement cultivé. Bart De Wever, devenu "BV" sympathique, cartonne sur petit écran et dans les salons des Flamands.
La N-VA, qui fait désormais cavalier seul, surfe sur la popularité de son chef de file. En 2009, elle décroche 16 sièges au Parlement régional. Un an plus tard, lors des élections fédérales anticipées (le gouvernement Leterme II avait trébuché sur le dossier Bruxelles-Hal-Vilvorde), elle devient le premier parti du pays, avec 27 sièges à la Chambre.
C'est alors logiquement vers Bart De Wever que se tourne le Roi, lui confiant la mission d'"informateur". Mais ce n'est qu'après un an et demi environ qu'un gouvernement sera formé, sans la N-VA : socialistes, chrétiens-démocrates et libéraux s'associent pour tourner la page de la plus longue crise politique qu'ait alors connu la Belgique, et pour opérer la sixième réforme de l'État, comprenant la scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde.
Bart De Wever n'est alors pas encore bourgmestre d'Anvers, il est "simple" député flamand et président de parti. Il continue parallèlement de faire parler de lui hors de la sphère politique : en 2011-2012, il se lance dans un régime qui changera radicalement sa silhouette. Allégé de près de 60 kilos, il publie un livre sur cette expérience à un mois environ des élections communales. L'Anversois apparaît soudainement moins "bonhomme" et bon vivant, plus sec voire menaçant, aux yeux de nombreux francophones. Même s'il affirme partout que son régime et son livre n'ont rien de politique, l'opération démontre une détermination et une faculté de persévérance que l'on retrouvera dans sa manière de poursuivre ses ambitions institutionnelles.
Les élections locales de 2012 mènent à une spectaculaire percée de la N-VA, qui s'installe au pouvoir dans de nombreuses communes. C'est entre autres le cas à Anvers, où De Wever devient bourgmestre en boutant les socialistes hors du "Schoon Verdiep" de l'hôtel de ville dont les "rouges" assumaient la gestion depuis de longues décennies. Tout un symbole, qui à l'époque avait quelque peu secoué les médias francophones.
En 2014, la N-VA confirme son statut d'incontournable : elle prend aisément ses distances en premier parti, raflant 33 sièges à la Chambre (10 de plus que le PS...) alors que le Belang dégringole. Le parti d'extrême-droite est passé de 12 à 3 sièges, et n'est clairement plus le premier choix des flamingants. La N-VA monte au gouvernement en s'associant au MR, au CD&V et à l'Open Vld, une coalition très largement minoritaire dans les rangs francophones. La "Suédoise" de Charles Michel est clairement à droite, mais ne satisfait pas la N-VA. Elle en claque la porte fin 2018 à l'occasion de la signature du "pacte de Marrakech", sur les migrations.
Des élections sont prévues quelques mois plus tard, et pour la première fois elles ont un goût de défaite pour les nationalistes flamands. Le parti perd des plumes, aussi bien à la Région qu'au fédéral, même s'il reste premier. Bart De Wever, qui s'était présenté comme candidat à la ministre-présidence flamande, va laisser ce poste à Jan Jambon et tenter de démêler l'écheveau au niveau fédéral. Après des mois de tractations, un exécutif se met en place sans la N-VA, une claque pour l'Anversois qui fulmine contre la "trahison" de ses deux partenaires du gouvernement flamand, le CD&V et l'Open Vld.
Avec Bart De Wever, c'est aussi tout un décorum, celui d'un passionné de la Rome antique, que la presse et le grand public ont découvert. L'homme est coutumier de citations en latin pour ouvrir ses discours, et a marqué les esprits en apparaissant à la soirée de victoire de la N-VA en octobre dernier avec son fils en porteur d'un sceptre à aigle doré, "customisé" pour Anvers d'une inscription "SPQA" (en référence à SPQR, "Senatus populusque Romanus", mais avec un A pour Anvers).
L'Anversois, qui a bien fait comprendre qu'il ne lâche qu'à contrecœur son "Schoon Verdiep", devra naviguer entre un rôle de Premier et les fondamentaux de son parti, qui garde en premier article de ses statuts l'objectif d'indépendance de la Flandre.
Vice-Premier ministre, ministre des Finances et des Pensions
N-VAÂgé de 64 ans, "Sterke Jan" fait son retour à l'échelon fédéral en recevant les portefeuilles des Finances et des Pensions, et en retrouvant la fonction de vice-Premier ministre. Avant d'être ministre-président flamand lors de la législature passée, Jan Jambon a en effet déjà été vice-Premier dans la "Suédoise" de Charles Michel, jusqu'à ce que la N-VA claque la porte de cette coalition fin 2018.
Après les élections de juin dernier, ce fidèle de la N-VA avait peut-être espéré poursuivre à la tête du gouvernement flamand, mais rapidement Bart De Wever a poussé Matthias Diependaele à l'échelon régional, plaçant Jan Jambon au centre de son dispositif de négociation pour la formation d'un gouvernement fédéral.
Les cinq années passées à la tête du gouvernement flamand n'ont pas été de tout repos pour cet homme politique pourtant expérimenté. La crise du Covid a davantage mis en lumière l'action du niveau fédéral, tandis qu'on se souviendra de ses maladroites critiques : "je ne vais pas non plus arroser ma maison en prévision d'un incendie qui pourrait se déclarer la semaine prochaine", lâchera-t-il alors que les hôpitaux sont, déjà, en pleine crise.
Le reste n'est pas rose non plus : prix de l'énergie en hausse, vives tensions avec le CD&V sur le budget qui forcent Jan Jambon à reporter à octobre sa "déclaration de septembre" (en 2019), désaccords au sujet du dossier "azote". Sans oublier la levée de boucliers des acteurs de la culture face aux économies qu'il prévoyait dans ce département.
Avant ce mandat régional et communautaire, la participation au gouvernement Michel aura aussi été marquée par des tensions. Jan Jambon a cristallisé une partie des critiques de l'opposition francophone. Dès l'entame du gouvernement, des réminiscences de contacts avec des personnalités et associations d'extrême droite refont surface. Des propos sur la collaboration avec le régime nazi ne font qu'amplifier les réactions.
Premier flic de Belgique, il consacre la majeure partie de son mandat à la gestion de la menace terroriste et puis des attentats islamistes qui frappent la Belgique de plein fouet en 2015 et 2016.
Jan Jambon élabore un Plan Canal de lutte contre la radicalisation, tout en participant aux décisions sur les militaires en rue ou le renforcement des effectifs policiers. Il élabore également une législation sur l'enregistrement des données des passagers. Sa gestion est cependant entachée de propos et comportements qui suscitent la polémique. Tantôt il promet de "nettoyer" Molenbeek, tantôt il assure qu'"une partie significative de la communauté musulmane a dansé" après les attentats de Bruxelles.
En provenance du privé, Jan Jambon a connu un début de carrière politique plutôt erratique. Étudiant, il rejoint le parti nationaliste flamand Volksunie en 1981, mais l'idylle est de courte durée : en 1988, il claque la porte car la "VU" participe au dernier gouvernement Martens, et donc à la réforme de l'État qui transforme Bruxelles en une région autonome.
Jan Jambon entretient alors des contacts en vue de la création de la section locale du Vlaams Blok dans sa ville de Brasschaat, au nord d'Anvers. Mais il ne rejoindra pas le parti d'extrême droite. Avec Peter De Roover, il fait du VVB (Vlaams Volksbeweging, le mouvement populaire flamand) une organisation flamande qui compte. Il est aussi pendant des années président du centre de coordination des associations flamandes, l'OVV, qui regroupe des cercles nationalistes allant de la gauche à l'extrême droite et qui vise à préparer l'indépendance de la Flandre.
Ce n'est qu'après la disparition de la Volksunie que Jan Jambon reprend une carte de parti, à la N-VA. Alors que la formation de Bart De Wever est en cartel avec les chrétiens-démocrates flamands, Jan Jambon fait son entrée à la Chambre en 2007 comme suppléant de Kris Peeters (CD&V), et devient chef de groupe N-VA un an plus tard, après la scission du cartel. Entre 2007 et 2012, il est aussi échevin des Finances à Brasschaat, dont il est devenu bourgmestre en 2012. Jan Jambon est entre-temps devenu un poids-lourd au sein du parti.
Vice-Premier ministre, ministre du Budget et de la Simplification administrative
CD&VVincent Van Peteghem (CD&V) restera ministre quatre années supplémentaires. Après avoir été en charge des finances dans le gouvernement précédent, il ne quittera pas les chiffres et occupera désormais le poste de ministre du Budget.
Âgé de 44 ans, M. Van Peteghem est rapidement devenu une figure de proue des chrétiens-démocrates flamands. Au sein de la Vivaldi, dirigée par le Premier ministre Alexander De Croo, il a été vice-Premier ministre pour le CD&V et ministre des Finances, responsable de la coordination de la lutte contre la fraude.
On se souviendra peut-être surtout de lui pour son travail sur un projet qui n'a pas abouti : une réforme fiscale majeure qui a fini par être abandonnée en raison notamment de l'opposition du MR.
Par contre, il a réussi à introduire un bon d'État avec un précompte mobilier réduit, censé inciter les banques à augmenter leurs taux d'intérêt sur l'épargne. L'émission de ce bon d'État à un an à taux préférentiel a permis à l'Agence de la dette de lever un montant record de 21,896 milliards d'euros. Vincent Van Peteghem a voulu réitérer ce coup un an plus tard, mais s'est heurté à la résistance de ses partenaires (libéraux).
À la tête des finances belges, Vincent Van Peteghem a également poussé la réduction de la TVA de 21 à 6 % sur le gaz et l'électricité, couplée à une réforme des accises, sur fond de flambée des prix énergétiques.
Avant de devenir ministre en 2020, Vincent Van Peteghem n'était pas très connu du grand public. Il n'est arrivé à la Chambre en tant que suppléant qu'à la fin de l'année 2016, avant de passer au parlement flamand trois ans plus tard. Entre-temps, il est devenu bourgmestre de De Pinte (Flandre orientale), un résultat qu'il a confirmé lors des dernières élections locales, cette fois dans la commune fusionnée de Nazareth-De Pinte.
Vice-Premier ministre, ministre de la Santé publique et des Affaires sociales
VooruitFrank Vandenbroucke, 69 ans, rempile dans le nouveau gouvernement au poste de vice-Premier et ministre de la Santé publique et des Affaires sociales.
Mais contrairement à 2020, sa présence n'est pas une surprise, Frank Vandenbroucke ayant laissé entendre à plusieurs reprises que son travail sur la santé publique ne pouvait pas être accompli en une seule législature.
"He's back bitches". Dans un style bien à lui, Conner Rousseau, le président de ce qui s'appelait alors le sp.a, avait annoncé le retour en politique de Frank Vandenbroucke en octobre 2020. Un monde qu'il avait quitté en 2011 pour se consacrer pleinement à la science et à sa carrière académique.
Né à Louvain en 1955, Frank Vandenbroucke a étudié au sein des universités de Louvain et de Cambridge. Député de 1985 à 1996, il préside le SP de 1989 à 1994, année où il succède à Willy Claes comme ministre des Affaires étrangères.
En 1995, il doit démissionner de ce poste, emporté bien malgré lui par la tourmente du scandale Agusta-Dassault, après avoir tenu des propos quelque peu déroutants. M. Vandenbroucke avait alors affirmé lors d'une interview qu'après avoir repris la présidence du parti, il avait voulu "brûler" une somme de plusieurs millions de francs belges qu'il avait découverte dans un coffre, en provenance de pots-de-vin payés par l'avionneur.
En 1996, il démissionne de son siège de député pour étudier à Oxford pendant trois ans. Il revient aux affaires politiques belges en 1999. Dans le gouvernement arc-en-ciel de Guy Verhofstadt, il détient le portefeuille des Affaires sociales et ensuite celui de l'Emploi. Au cours de ce dernier mandat, il s'oppose régulièrement à Laurette Onkelinx, ministre PS, notamment au sujet du contrôle des chômeurs et des chèques-services.
En 2004, il entre dans le gouvernement flamand comme ministre de l'Emploi et de l'Enseignement. Il a notamment imposé d'importantes réformes à l'enseignement flamand qui n'ont pas toujours été bien accueillies.
En 2009, à la surprise générale, il n'est plus retenu par la présidente du sp.a, Caroline Gennez, pour faire partie de la nouvelle équipe du gouvernement flamand dirigé par le CD&V Kris Peeters.
En 2010, il est encore élu sénateur alors qu'il pousse la liste sp.a. L'année suivante, il décide de quitter la politique. Il n'y reviendra que neuf ans plus tard pour devenir ministre de la Santé. À ce poste, il est en première ligne pour faire face à la crise sanitaire.
À la fin de la législature, Frank Vandenbroucke reprend les compétences de la Coopération au développement et de la Politique des grandes villes de Caroline Gennez, devenue ministre dans le nouveau gouvernement flamand. À ce titre, il doit s'occuper de la guerre au Moyen-Orient et de l'escalade de la violence dans l'est du Congo.
Intransigeant, il refuse de divulguer certains mails de la période Covid et il entre en guerre ouverte avec le distributeur de vaccins Medista, qui a engagé une agence de détectives privés israélienne controversée pour piéger un fonctionnaire du département fédéral de la santé publique.
Au cours de l'été 2023, un "incident physique" l'oppose aussi, durant un kern, au vice-Premier ministre de l'Open VLD, Vincent Van Quickenborne.
Quoi qu'il en soit, le socialiste flamand a clairement répété ces dernières années que son travail en matière de santé publique n'était pas terminé et qu'il tenait à poursuivre son mandat.
Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et de la Coopération au développement
Les EngagésMaxime Prévot a renoué avec une fonction ministérielle sept ans après avoir quitté le gouvernement wallon et entretemps ressuscité un parti centriste francophone dont beaucoup prédisaient la fin.
Né en 1978, Maxime Prévot est licencié en sciences politiques des Facultés de Namur et de l'UCLouvain. Il débute sa carrière professionnelle chez PricewaterhouseCoopers avant d'entrer en politique. En 2004, il devient directeur politique d'un cdH dirigé par Joëlle Milquet désireuse de recruter des jeunes talents. Il occupera cette fonction jusqu'en décembre 2006.
À ce poste, il est l'une des éminences grises de l'ex-PSC qui vient de renouer avec le pouvoir en Wallonie et à Bruxelles après cinq années passées dans l'opposition.
Maxime Prévot est élu à la Chambre en 2007. Deux ans plus tard, c'est au parlement wallon qu'il fait son entrée, où il exerce la fonction de chef de groupe. Il s'impose rapidement comme l'une des locomotives électorales de sa région. En mars 2012, Jacques Etienne lui cède les clés de l'Hôtel de Ville de Namur, quelques mois avant les élections communales. En octobre, le jeune bourgmestre relève le défi au-delà des espérances : le cdH supplante le PS à la première place dans la cité du Grognon, une première depuis la fusion des communes.
En 2014, Maxime Prévot entre pour la première fois dans un gouvernement. Il est le vice-président de l'exécutif régional PS-cdH dirigé par Paul Magnette, en charge des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. À ce poste, il lui revient de mettre en œuvre le transfert des allocations familiales décidé dans le cadre de la sixième réforme de l'État. Son mandat prend fin de manière inattendue en 2017 quand le président du cdH, Benoît Lutgen, décide de renverser l'alliance avec les socialistes.
Redevenu bourgmestre de plein exercice de Namur, il remporte une nouvelle fois les élections communales et, en 2019, il prend la tête du cdH alors au plus mal dans les sondages. Il ne parviendra pas à éviter la débâcle électorale qui conduit les centristes à préférer l'opposition partout.
En 2002, le Parti social chrétien (PSC) s'était transformé en Centre démocrate humaniste (cdH) pour essayer de contrer son érosion. Il était parvenu à se maintenir à niveau mais n'avait jamais renoué avec un franc succès. En 2022, au terme d'une opération de consultations et de réflexion interne de deux ans, Maxime Prévot porte Les Engagés sur les fonts baptismaux. Il n'est plus question d'un "parti" mais d'un "mouvement". Toute référence chrétienne est abandonnée et les figures de proue sont largement renouvelées. Face à la tentation clivante de la politique, "Les Engagés" affirment privilégier la nuance. Le succès semble au départ mitigé mais à l'approche des élections, le parti retrouve des couleurs dans les sondages, particulièrement en Wallonie. Les élections du mois de juin 2024 se traduisent par une victoire au-delà des espérances.
Durant l'été, Maxime Prévot conduit en tandem avec le président du MR, Georges-Louis Bouchez, les négociations menant à la formation des majorités "Azur" en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il s'est posé durant les longues négociations fédérales comme un homme de compromis et a d'ailleurs mené une mission de médiation durant l'été pour rabibocher l'Arizona. Aux côtés du CD&V et de son président Sammy Mahdi, il a défendu un axe centriste, refusant de quitter la table au contraire de Vooruit... même si, aux yeux de certains, les deux partis se cachaient souvent derrière les socialistes pour obtenir un infléchissement à gauche des propositions du formateur Bart De Wever.
En octobre 2024, il a largement remporté les élections communales à Namur et en a ceint l'écharpe maïorale une nouvelle fois.
Vice-Premier ministre, ministre de l’Emploi, de l’Économie et de l’Agriculture
MRDavid Clarinval rempile au gouvernement fédéral, dans une troisième équipe, après avoir participé aux attelages menés par Sophie Wilmès et Alexander De Croo.
Né le 10 janvier 1976, David Clarinval est licencié en sciences économiques, sociales et politiques de l'UCL. À 23 ans, au sortir de ses études, il est engagé en tant qu'attaché parlementaire du MR. Deux ans plus tard, à l'issue des élections communales de 2000, il prend le maïorat de la petite commune de Bièvre en province de Namur et devient le plus jeune bourgmestre de Belgique.
En 2006, David Clarinval, alors actif au sein de l'entreprise familiale Clarinval Construction, est élu au conseil provincial de Namur qu'il quittera un an plus tard pour remplacer à la Chambre Sabine Laruelle.
Le jeune élu s'investit dans les dossiers ayant trait à l'économie et à l'énergie. Il est l'auteur avec Corentin de Salle d'un ouvrage intitulé "Fiasco énergétique", dans lequel il fustige le "gaspillage écologiste des ressources" et dénonce "l'échec du paradigme du développement durable". Ses prises de position lui ont valu plusieurs fois l'étiquette de "climatosceptique" par ses détracteurs, ce dont il s'est toujours défendu.
En 2014, il est tête de liste MR en province de Namur pour l'élection de la Chambre. Il arrive en tête des voix de préférence dans cette circonscription. Charles Michel lui préfère toutefois Marie-Christine Marghem au poste de ministre de l'Énergie dans son gouvernement.
Fin juillet 2017, il est désigné chef de groupe MR à la Chambre, en remplacement de Denis Ducarme devenu ministre de l'Agriculture et de l'Intégration sociale. Il devra attendre 2019 et le départ de Charles Michel au Conseil européen pour devenir vice-Premier ministre et ministre du Budget dans le gouvernement minoritaire de Sophie Wilmès.
En octobre 2020, quand le gouvernement De Croo se met en place, il hérite des Indépendants, des PME et de l'Agriculture, un poste prisé par le MR où il peut poursuivre l'amélioration du statut social des indépendants. Durant la présidence européenne, il s'affirme comme l'un des ardents défenseurs des demandes des agriculteurs en colère contre les normes environnementales qui leur sont imposées.
En 2022, il redevient vice-Premier ministre après le départ de Sophie Wilmès du gouvernement. Il est considéré comme l'un des fidèles du président du MR, Georges-Louis Bouchez, dont il a porté la "particip-opposition" au sein du gouvernement Vivaldi, parfois dans la douleur, comme durant les âpres négociations autour de la réforme fiscale. En 2024, il est à nouveau candidat à la Chambre en province de Namur, en tête d'une liste qui décrochera un deuxième siège.
Ministre de la Justice
CD&VTout comme son collègue de parti Vincent Van Peteghem, Annelies Verlinden, 46 ans, rempile au sein du nouveau gouvernement fédéral pour le CD&V au poste de ministre de la Justice.
L'ancienne avocate d'affaires a été lancée dans le grand bain de la Vivaldi par Joachim Coens, alors président du parti, et, après un bon résultat personnel le 9 juin 2024, elle est devenue une valeur sûre pour les chrétiens-démocrates du nord du pays.
Née en 1978 à Merksem, à Anvers, Annelies Verlinden est titulaire d'un master en droit à la KULeuven et d'un diplôme en droit européen à l'UCL.
Après ses études, elle rejoint le cabinet d'avocats international DLA Piper. Annelies Verlinden est spécialisée en droit administratif, en droit de l'environnement et en droit public. Elle est notamment avocate dans l'affaire Arco devant le Conseil d'État.
En octobre 2020, le président du CD&V, Joachim Coens, la sort de son chapeau en tant que ministre de l'Intérieur et des Réformes institutionnelles et du Renouveau démocratique. Une grande surprise du côté de la rue de la Loi, même si son engagement politique n'est pas nouveau : Annelies Verlinden a en effet été vice-présidente des jeunes CD&V entre 2005 et 2009 et a été conseillère communale dans sa ville de Schoten entre 2003 et 2012.
Comme les autres ministres de la Vivaldi, Annelies Verlinden est complètement absorbée par la pandémie pendant les premières années de la législature. En tant que ministre de l'Intérieur, elle est responsable des décrets ministériels contenant les règles relatives au Covid qui doivent être rédigés après chaque comité de concertation. Ce travail aboutit finalement à une loi pandémie, qui fournit aux responsables politiques une base juridique plus solide pour prendre des mesures de grande ampleur.
Elle est aussi en première ligne lors des inondations meurtrières en Wallonie à l'été 2021, de l'assassinat du policier bruxellois Thomas Monjoie et du meurtre de supporters de football suédois en octobre 2023.
La Vivaldi entretient par ailleurs des relations tendues avec les syndicats de police tout au long de la législature. Si Annelies Verlinden veille à ce que les policiers bénéficient d'une augmentation de salaire en plus de l'indice pour la première fois depuis 20 ans, cette augmentation doit être étalée sur plusieurs années, ce qui mécontente les syndicats.
Avec le vice-Premier ministre MR David Clarinval, Annelies Verlinden est également chargée de préparer l'avenir institutionnel du pays, mais la large consultation populaire lancée par le duo fait long feu.
En juin 2024, elle tire la liste du CD&V pour la Chambre à Anvers, une province difficile pour les démocrates-chrétiens. Mais la ministre y obtient plus de 65.000 voix de préférence, soit le cinquième meilleur résultat au niveau national, ce qui lui donne une position confortable au sein de son parti.
Le CD&V a régulièrement exercé la compétence de la Justice au cours des dernières décennies. Il y a quatre ans, un autre avocat d'affaires, professeur à la KULeuven, quittait ce département... un certain Koen Geens.
Ministre de la Défense
N-VALe chef de file de la N-VA dans le Brabant flamand, Theo Francken, retrouve un poste au gouvernement fédéral, après avoir été secrétaire d'État à l'Asile et la Migration dans le gouvernement Michel. Il obtient dans l'équipe de Bart De Wever un portefeuille pour lequel il n'a jamais caché sa passion : la Défense.
Père de famille et pédagogue de formation, il débute sa carrière politique en 2009 comme chef de cabinet adjoint du ministre flamand Geert Bourgeois, en charge de l'Intégration et de la périphérie flamande de Bruxelles. En 2010, il est élu à la Chambre, où il va au fil des ans se spécialiser dans les questions d'asile et de migration. Il a ainsi été l'un des moteurs du renforcement des conditions entourant le regroupement familial, en 2011.
Après le bon résultat de la N-VA aux élections de 2014, il monte au gouvernement dans la "Suédoise" menée par Charles Michel. Considéré comme un fin connaisseur de la matière, il y occupe le poste de secrétaire d'État à l'Asile et la Migration.
En tant que secrétaire d'État, il avait lui-même donné l'impulsion d'une baisse du nombre de places d'accueil, après l'afflux de demandeurs d'asile de 2015-2016. Son passage à ce département se marque par un durcissement de cette politique déjà entamé par sa prédécesseuse Maggie De Block. Homme médiatique, il est régulièrement au centre de polémiques avec les défenseurs des droits de l'homme, comme lorsqu'une délégation soudanaise est accueillie pour identifier des migrants en transit.
Fin 2018, l'histoire prend fin de manière abrupte, quand la N-VA invoque le Pacte de Marrakech, sur la migration, pour quitter l'exécutif avec fracas. Dans les semaines qui suivent, son ex-cabinet est au centre d'une affaire judiciaire impliquant un de ses collaborateurs qui monnayait des visas humanitaires à des chrétiens d'Orient.
Theo Francken continue, dans les années suivantes, à aligner les scores électoraux solides dans le Brabant flamand, où il est bourgmestre de Lubbeek depuis 2013.
Au fédéral, le rôle de poil à gratter de l'opposition lui va comme un gant, dans un style brut et direct. Il aime les médias et les phrases chocs, a de la répartie, et sait se faire entendre dans les débats sur la défense ou l'asile et la migration. Il est l'un des plus virulents détracteurs de la Vivaldi. Cible régulière de ses attaques, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder voit en lui un exemple des "mâles en quête de virilité qui ont trouvé un modèle, Trump".
Après les élections de juin dernier, c'est tout naturellement que Theo Francken prend place dans l'équipe de négociation de la N-VA aux côtés de Jan Jambon, pour la formation d'un nouveau gouvernement fédéral.
Ministre de l’Intérieur, en charge de Beliris
MRBernard Quintin, diplomate propulsé il y a peu dans le gouvernement en affaires courantes, s'est plu dans le costume de ministre des Affaires étrangères. Après avoir goûté au poste durant deux mois, il rempile dans l'exécutif, cette fois en tant que ministre de l'Intérieur.
En novembre dernier, il était la nouvelle surprise du chef Georges-Louis Bouchez : le président du Mouvement réformateur annonçait l'avoir choisi pour remplacer Hadja Lahbib au sein du gouvernement démissionnaire, cette dernière devenant commissaire européenne.
En désignant Bernard Quintin, le parti libéral choisissait un homme de l'ombre, mais hautement compétent pour le poste : le quinquagénaire a plus de vingt années d'expérience dans la diplomatie. Dans la dernière décennie, il a été consul général à Rio de Janeiro, ambassadeur de Belgique au Burundi (2016-2019), puis chef de cabinet de Philippe Goffin quand ce dernier était ministre des Affaires étrangères et de la Défense. Il a ensuite été directeur général adjoint pour l'Afrique au Service européen pour l'action extérieure (SEAE), avant d'être appelé pour la présidence belge du Conseil de l'UE, pour laquelle il devient directeur général de la DG Coordination et Affaires européennes (DGE).
Jovial, compétent, c'est aussi un amoureux de l'Afrique et un fin connaisseur de ses enjeux. Avant d'être ambassadeur au Burundi, il avait d'ailleurs travaillé comme conseiller auprès de l'ambassadeur de Belgique à Kinshasa, du temps de la présidentielle de 2006.
Il n'était donc pas étonnant qu'il soit candidat au poste de Représentant spécial de l'Union européenne pour la région des Grands Lacs. Soutenu par la Belgique, arrivé premier de la procédure de sélection, sa candidature avait cependant été barrée l'an dernier par le Rwanda de Paul Kagame.
Après avoir prêté serment devant le Roi le 2 décembre dernier, le quinquagénaire s'est jeté dans le grand bain. Sur deux mois, il n'a pas manqué de travail. Il a notamment envoyé un émissaire à Damas, après la chute du régime de Bachar al-Assad. Il a également effectué un bref déplacement en Turquie, début janvier, et un autre au Maroc, tout récemment. Ces derniers jours, son ministère était surtout plongé dans la problématique des violences dans l'est de la République démocratique du Congo.
Né en 1971, Bernard Quintin a étudié l'histoire du Moyen-Âge à l'ULB. Il a plus tard complété son cursus avec un master en relations internationales. De son propre aveu, il a grandi dans une famille libérale et a toujours été intéressé par la politique. Il est secrétaire politique du MR de Ganshoren.
Ministre de l’Action et la Modernisation publique
Les EngagésCollaboratrice parlementaire, secrétaire politique, échevine, sénatrice, députée et, aujourd'hui, ministre de la Modernisation publique. Vanessa Matz est une inoxydable cheville ouvrière des centristes francophones depuis près de trente ans.
Née en 1973, juriste diplômée de l'Université de Liège, Vanessa Matz a commencé sa carrière politique en 1996, dans ce qui était encore le PSC, comme collaboratrice juridique au Sénat. Elle gravit les échelons au sein du parti, en étant notamment la secrétaire politique du groupe cdH au parlement wallon avant de devenir en 2006 directrice politique du parti au service de sa toute-puissante patronne, Joëlle Milquet.
En avril 2008, elle entre au Sénat. Elle rejoint la Chambre en 2014. Elle se spécialise dans les matières liées à la justice et à la sécurité. Sous la législature passée, elle est l'autrice d'une proposition de loi sur le "revenge porn", approuvée bien qu'elle siège dans l'opposition. Le 9 juin dernier, elle est tête de liste en province de Liège et réélue avec plus de 22.000 voix de préférence.
À l'installation de la Chambre, elle est désignée cheffe de groupe des Engagés. Elle assiste le président Maxime Prévot durant les négociations de formation d'un gouvernement fédéral.
Sur le plan local, Vanessa Matz a été échevine durant 14 ans dans la commune d'Aywaille en province de Liège.
Ministre en charge de l'Asile et la Migration
N-VAEn choisissant la députée Anneleen Van Bossuyt pour monter au gouvernement fédéral, la N-VA opte pour un de ses poids lourds en Flandre orientale. Âgée de 45 ans, l'élue a gagné ses galons au parlement européen, et a accédé au statut d'héroïne du parti avec le rififi local qui a suivi les élections communales à Gand. Elle hérite du portefeuille de l'Asile et de la Migration, où un autre nationaliste flamand, Theo Francken, s'est fait un nom entre 2014 et 2018. Elle a également en charge l'Intégration sociale et les Grandes villes.
Juriste de formation, cette mère de famille a commencé sa carrière à l'université de Gand. En 2010, elle rejoint le service d'études de la N-VA, puis s'engage elle-même activement en politique en 2014. Dès janvier 2015, elle succède à Louise Ide comme eurodéputée N-VA. Elle se concentre dans cette assemblée sur la protection des consommateurs, le marché intérieur, et les politiques en matière d'innovation, de recherche et d'énergie. En 2017, elle préside la commission marché intérieur et protection des consommateurs.
Son travail est récompensé au sein du parti : elle est désignée tête de liste pour la Chambre en province de Flandre orientale pour les élections de 2019. Elle est élue, et poursuit au parlement fédéral son travail sur les droits des consommateurs, notamment. Durant la crise liée à la pandémie de Covid, elle plaide entre autres pour un mécanisme de soutien aux tour-opérateurs, via une sorte de prêt de l'État pour qu'ils puissent rembourser les voyages annulés. Durant cette législature, elle a réussi à faire passer une proposition de loi élargissant le droit à l'oubli.
C'est en octobre dernier qu'elle a réellement accédé à un autre statut, en obtenant un score impressionnant (10 sièges, soit 4 de plus qu'en 2018) avec la liste N-VA aux élections locales à Gand, où les nationalistes sont pourtant historiquement à la traîne. Voor Gent, l'alliance des libéraux et socialistes gantois, a ensuite mené des négociations avec la N-VA, aboutissant même à un accord, une avancée historique dans cette ville pour le parti. C'était sans compter la section locale de Vooruit, qui a renvoyé les négociateurs au point de départ, forçant in fine une alliance avec Groen et renvoyant la N-VA dans l'opposition.
L'épisode a eu pour effet, malgré tout, de placer Anneleen Van Bossuyt dans la lumière. Si bien que Bart De Wever a amplement pris le temps de faire ses louanges durant la réception de Nouvel An des nationalistes flamands.
Ministre de l’Énergie
MRMathieu Bihet est l'une des figures de la jeune garde du MR. Il accède à un poste au gouvernement fédéral, au portefeuille de l'Énergie, après avoir occupé des fonctions en vue au sein du parti et présidé une commission d'enquête parlementaire.
Né le 7 juillet 1991, Mathieu Bihet est diplômé en droit de l'université de Liège et avocat au barreau de la Cité ardente. Il entre en politique très tôt. Il préside les Jeunes MR pendant quatre ans -il plaide notamment pour la légalisation du cannabis-, est conseiller au sein du parti et, en novembre 2020, il est désigné délégué général du MR. Il succède à ce poste à un autre jeune loup des libéraux francophones, Georges-Louis Bouchez.
Mathieu Bihet a siégé par épisodes à la Chambre, une première fois en 2020, en remplacement de Daniel Bacquelaine, une deuxième fois de 2022 à 2024 en remplacement de Kattrin Jadin avant d'y revenir, à nouveau comme suppléant, après les élections du mois de juin.
Au parlement, il s'investit dans les dossiers liés à l'énergie, en particulier pour défendre l'avenir du nucléaire. En septembre 2024, il reçoit la présidence de la commission d'enquête sur l'Opération Calice, suite de la commission d'enquête créée sous la législature passée sur les violences sexuelles dans et hors de l'Église. Mathieu Bihet est également premier échevin de la commune de Neupré en région liégeoise.
Ministre de la Mobilité, du Climat et de la Transition environnementale
Les EngagésL'ex-MR Jean-Luc Crucke, passé avec armes et bagages chez Les Engagés en février 2023, redevient ministre, du Climat et de la Mobilité, dans une coalition avec le MR. Le Frasnois avait occupé le portefeuille du Budget de 2017 à 2022, dans les gouvernements wallons dirigés par Willy Borsus puis Elio Di Rupo.
Né en octobre 1962 à Renaix (en Flandre orientale), cet avocat, licencié en droit de l'Université de Liège, est l'un des représentants de la génération des "quinquas" du MR. Régionaliste et progressiste, "reyndersien" plutôt que "michelien".
Au cours de ses études, Jean-Luc Crucke fait la rencontre d'un professeur dont l'influence sera déterminante, Jean Gol, l'une des figures historiques des libéraux francophones. Il entre chez les jeunes du PRL (Parti réformateur libéral) qu'il présidera en 1990. En 1988, il est élu au conseil communal de Frasnes-lez-Anvaing dont il devient le bourgmestre en 1997.
En 2004, Jean-Luc Crucke est élu au parlement wallon. Il s'affirme comme l'un des parlementaires en vue de son groupe. En 2009, il décroche son deuxième mandat au parlement régional. Orateur énergique, il est l'une des figures de l'opposition à la majorité Olivier. Il est réélu en 2014 et sera l'un des membres les plus en vue de la commission d'enquête Publifin.
En 2019, il soutient la candidature du jeune Georges-Louis Bouchez à la présidence du parti. Mais leurs relations se sont ensuite dégradées, jusqu'au désaveu du projet fiscal fin 2021 (projet finalement passé au parlement, amendé).
Recalé par son propre camp, le Hennuyer jette l'éponge et quitte le gouvernement wallon : "Mes convictions ne sont plus en pleine adéquation avec la ligne de mon parti", constate-t-il alors, sans "regret".
Comme lot de consolation, le MR propose à Jean-Luc Crucke un poste de juge à la Cour constitutionnelle. "Je peux négocier, concéder, crier, bloquer, avancer, mais en aucune manière me diluer", lance-t-il toutefois lors d'une conférence de presse glaciale, aux côtés de M. Bouchez. Quelques jours plus tard, Jean-Luc Crucke se rétracte et refuse le poste de juge, assurant ne pas avoir envie de "se taire".
S'ensuit une période de réflexion et de recentrage, après un combat contre le cancer. Un rapprochement s'amorce avec les centristes, renommés Les Engagés. Ce qui aboutira à un ralliement début 2023. "Je ne retrouvais plus sa place au sein d'un mouvement qui se droitise, avec ces élans trumpiens", assure-t-il en conférence de presse.
Candidat à la Chambre en 2024, il réussit son transfert avec plus de 32.000 voix de préférence dans la circonscription du Hainaut, troisième score derrière Paul Magnette et Georges-Louis Bouchez.
Ce parfait bilingue était l'une des personnalités du MR attendues au gouvernement fédéral en 2014, mais il ne figurera finalement pas au casting de l'équipe Michel. Dix ans plus tard, il rejoint enfin la rue de la Loi, mais sous la bannière des Engagés.
Il devra toutefois composer avec ses anciens compagnons de route libéraux. De ses dernières déclarations, Jean-Luc Crucke assurait que les relations avec les bleus étaient désormais apaisées.
Ministre de la Protection des consommateurs, de la Fraude sociale et de l'Egalité des chances
VooruitVooruit promettait une surprise, aux côtés de Frank Vandenbroucke. La voilà : Conner Rousseau a confirmé dimanche en fin d'après-midi, via Instagram, que c'est Rob Beenders qui sera également ministre dans le gouvernement de Bart De Wever pour les socialistes flamands. Rob Beenders devient ministre en charge de la Protection des consommateurs, de la Fraude sociale et de l'Égalité des chances.
Rob Beenders, 45 ans, est Limbourgeois. Il n'a actuellement aucun mandat politique, mais ce n'est pas un illustre inconnu. Il a en effet été actif pour les socialistes flamands jusqu'en 2019, quand il a annoncé quitter la politique pour raisons de santé.
Rob Beenders a étudié le marketing, à la Hogeschool PXL, et a été actif comme product manager. Passionné de sport, il a aussi participé à l'organisation de compétitions internationales de cyclocross et de cyclisme dans sa province du Limbourg.
En 2005, il fait ses premiers pas en politique. Il prend part aux élections locales à Hasselt l'année suivante, pour le sp.a, et est élu. En 2007, il devient échevin de cette ville.
En 2014, il est élu au Parlement flamand. Depuis l'opposition, il s'attache principalement aux dossiers liés à l'énergie. Il est également sénateur des entités fédérées à partir de 2016.
En 2018, il annonce qu'il ne se présentera pas aux élections de 2019. Il a décidé à contrecœur de mettre un terme à ses activités en politique, pour raisons de santé. Il expliquait alors avoir de lourds problèmes d'audition, entre autres liés à la maladie de Ménière. Il est alors passé dans le privé, travaillant pour une entreprise internationale spécialisée en implants auditifs.
À l'époque, Rob Beenders avait ouvertement parlé de sa maladie, et il a relaté ses difficultés dans un livre, "Mijn hoorreis" (que l'on pourrait traduire par "Mon voyage auditif"). Plus tard, il a encore publié avec d'autres un nouvel ouvrage, "Gezien en gehoord", relatant le récit de personnes ayant une déficience auditive ou visuelle, et plaidant pour leur pleine reconnaissance dans la société et sur le marché du travail.
On s'attendait à ce que Vooruit avance dimanche le nom de Melissa Depraetere, mais cette dernière reste finalement au gouvernement flamand, où elle est vice-ministre-présidente. "En Rob Beenders, nous avons la personne taillée pour le rôle", assure via communiqué le président Conner Rousseau. "Rob s'est engagé ces dernières années pour toutes les personnes avec une déficience auditive ou visuelle. Quand je lui ai demandé de revenir à la politique, il a répondu d'un 'oui' franc. Il est prêt à prendre à bras le corps le problème des factures élevées et de la fraude sociale, et à faire en sorte que chacun ait des chances égales dans notre société."
Si Frank Vandenbroucke avait eu droit pour son retour en politique au désormais célèbre commentaire "He's back, bitches", de la part du président de parti Conner Rousseau, le comeback de Rob Beenders est annoncé du côté de Sint-Niklaas avec des mots plus doux : "From Hasselt with love".
Ministre des Classes moyennes, des Indépendants et des PME
MREleonore Simonet est la surprise du casting MR pour le gouvernement De Wever où elle sera chargée des Classes moyennes, des Indépendants et des PME.
Agée de 27 ans, la jeune ministre est dotée d'un sacré patronyme au sein du parti libéral. Elle est la fille de Jacques Simonet, décédé brutalement en 2007, après une carrière écourtée mais déjà fort complète, entre autres de bourgmestre, ministre-président, secrétaire d'Etat fédéral et député. Elle est aussi la petite-fille d'Henri Simonet, ancien ministre, ancien commissaire européen et ancien bourgmestre PS d'Anderlecht entre 1966 et 1984.
Mme Simonet avait été élue en juin dernier au parlement régional bruxellois, depuis l'avant-dernière place sur la liste, avec 4.522 voix de préférence qui l'on propulsée à la dixième place de son parti, alors qu'elle se présentait pour la première fois à une élection. Elle est également députée à la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis juillet dernier. Elle avait également été élue en octobre dernier dans la commune de Woluwe-Saint-Lambert où elle se présentait également pour la première fois.
Mme Simonet est diplômée d'un master en droit de l'UCLouvain. Elle est avocate au barreau de Bruxelles depuis septembre 2023. Jusqu'il y a quelques mois, elle comptait bien terminer son stage entamé au Barreau de Bruxelles.